Promener son deuil

. Le livre Uvaspina, nom du jeune garçon dont la mère qui chaque mercredi feinte sa mort

. Comment sauver les morts enterrés livre de la coréenne autour de l’adieu

https://www.nytimes.com/2024/09/29/opinion/write-your-own-obituary.html
Opinion | Why I Write My Own Obituary Every Year - The New York Times

. En réalité, comme il arrive pour les âmes des trépassés dans certaines légendes populaires, chaque heure de notre vie, aussitôt morte, s'incarne et se cache en quelque objet matériel. Elle y reste captive, à jamais captive, à moins que nous rencontrions l'objet. À travers lui, nous la reconnaissons, nous l'appelons, et elle est délivrée.
Marcel Proust

. https://books.openedition.org/efr/54701?lang=fr
The pornography of death
L’article The pornography of death, paru en 1955, est constamment cité comme l’une des principales sources de l’idée selon laquelle les sociétés occidentales contemporaines nient la mort. À partir du cas de la Grande-Bretagne, son auteur, Geoffrey Edgar Solomon Gorer (1905-1985), y explique que les tabous de la mort et du sexe ont permuté dans la première moitié du XXe siècle. Gorer remarque en effet que l’époque victorienne proscrivait le sexe dans la vie publique, mais rendait la mort visible par des veillées funèbres, des deuils codifiés et des exécutions publiques, tout en inscrivant la présence des cadavres humains dans l’horizon d’un au-delà. Au début du XXe siècle, à l’inverse, il devint plus acceptable de montrer des images ou de tenir des discours à caractère sexuel en public, alors même que le deuil tendait à être relégué à la sphère privée et que la présence de cadavres était de plus en plus ressentie comme obscène, entraînant la dissimulation des morts ou la transformation de leur apparence par des thanatopracteurs. La mort quotidienne tendait à être confinée dans les hôpitaux, les décès prématurés se raréfiaient, les règles funéraires explicites étaient massivement abandonnées et l’idée d’une vie après la mort tendait à être délaissée, ne laissant subsister, estime Gorer, que la pénible réalité des corps mourants et des restes mortels. Devenue inconvenante en public, conclut Gorer, la mort « naturelle » fut ainsi entourée d’un silence qui s’imposa de lui-même, personne ne sachant comment se comporter en présente de défunts et des endeuillés. Ce silence autour de la mort eut pour effet d’enfermer les personnes en deuil dans l’isolement, la honte et la dissimulation, tout en favorisant une fascination pour la mort spectaculaire dans l’art et la fiction, sur le mode de la violence ou de l’horreur – une mort fantasmée faisant écran à la mort ordinaire, devenue trop embarrassante.

.
https://fisheyemagazine.fr/article/photographie-post-mortem-pont-sensible-entre-vie-et-mort/
La photographie post-mortem
La photographie post-mortem, ou « photographie de l’après-vie » comme l’a baptisée l’auteur, est née au milieu du 19e siècle. L’image était alors rare et précieuse et ces portraits constituaient souvent la seule trace visuelle d’un·e défunt·e. La photographie rythmait les étapes majeures de l’existence : baptêmes, mariages et enfin décès. Bien que la pratique ait connu un essor notable dans tous les milieux – populaires, aristocrates ou auprès des notables, y compris des littéraires (on pense à l’image de Victor Hugo sur son lit de mort prise par Nadar en 1885) –, elle a peu à peu été exclue. Cette ostracisation s’explique en partie par la médicalisation de la mort et son invisibilisation croissante dans nos sociétés occidentales. Philippe Baudouin cite Geoffrey Gorer, anthropologue, qui explique dans Pornographie de la mort ce basculement culturel : « Au 20 e siècle, la mort est devenue un tabou remplaçant celui de la sexualité qui prévalait au 19e siècle. » Aujourd’hui, la représentation du trépas suscite une curiosité grandissante. Séries TV du genre true crime, récits de faits divers, enquêtes criminelles télévisées : autant de formats qui témoignent d’un regain d’intérêt pour l’image de la mort. Selon Philippe Baudouin, ce phénomène révèle une fascination humaine pour l’irreprésentable, une sorte d’attirance morbide qui réside dans la tension entre attraction et répulsion. « La psychanalyste Julia Kristeva décrit l’abject comme ce qui nous attire et nous révulse, poursuit-il. Ce paradoxe est au cœur de notre rapport à ces images. » Cependant, le philosophe nuance : les photographies post-mortem ne s’inscrivent pas dans cette logique. Elles n’étaient pas conçues pour choquer ou fasciner, mais bel et bien pour préserver la mémoire et établir un « ultime pont entre vivant·es et défunt·es ».

. Posthume, photographies de l'après-vie et reliques post-mortem - Philippe Baudouin

. https://www.369editions.com/discussion-funeraire-libertalia/

. Livre La coopérative funéraire de Rennes : nos mort.es méritent mieux

. Préface de Jean-Paul Dubois dans le livre Son odeur après la pluie sur la mort de son chien