Cimetière de Versoix
Mes parents vivent à Versoix. Lorsque j'ai parlé à mon père de mon envie de travailler sur les cimetières, il m'a répondu : "quelle horreur". Cela atteste de sa non-envie d'être enseveli dans un cimetière. Ce n'est pas quelqu'un qui aime les gens, donc je peux imaginer que l'idée d'être coincé sous une pierre entouré de gens qu’il aurait fui de son vivant ne lui facilite pas la tâche.
Mon père a souvent mentionné ses cendres lorsqu’il parlait de paysages auxquels il était attaché. Mais il refuse d'en parler d’une manière officielle. C'est une façon de nous donner son corps après sa mort.
Il est entouré de trois femmes (si sa femme et ses deux filles lui survivent) il a donc statistiquement de bonnes chances que nous fassions les choses bien. Car, historiquement, ce sont les femmes qui se sont toujours occupées des défunts (et des vivant·es, mais c’est une autre histoire) : la couture du linceul, la préparation du mort pour la veillée, le soin au rituel. C'est au moment de l'avènement de la médecine que tout le monde a fini par mourir aux soins palliatifs ou en maison de retraite.
Je me souviens d’un film où, sur une falaise, une femme s’apprête à disperser les cendres de son père. Le vent ramène les cendres dans le visage de la femme. Je suis depuis tétanisée à l’idée de me retrouver avec les cendres de mon père dans la bouche.
	Mes parents vivent à Versoix. Lorsque j'ai parlé à mon père de mon envie de travailler sur les cimetières, il m'a répondu : "quelle horreur". Cela atteste de sa non-envie d'être enseveli dans un cimetière. Ce n'est pas quelqu'un qui aime les gens, donc je peux imaginer que l'idée d'être coincé sous une pierre entouré de gens qu’il aurait fui de son vivant ne lui facilite pas la tâche.
Mon père a souvent mentionné ses cendres lorsqu’il parlait de paysages auxquels il était attaché. Mais il refuse d'en parler d’une manière officielle. C'est une façon de nous donner son corps après sa mort.
Il est entouré de trois femmes (si sa femme et ses deux filles lui survivent) il a donc statistiquement de bonnes chances que nous fassions les choses bien. Car, historiquement, ce sont les femmes qui se sont toujours occupées des défunts (et des vivant·es, mais c’est une autre histoire) : la couture du linceul, la préparation du mort pour la veillée, le soin au rituel. C'est au moment de l'avènement de la médecine que tout le monde a fini par mourir aux soins palliatifs ou en maison de retraite.
Je me souviens d’un film où, sur une falaise, une femme s’apprête à disperser les cendres de son père. Le vent ramène les cendres dans le visage de la femme. Je suis depuis tétanisée à l’idée de me retrouver avec les cendres de mon père dans la bouche.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
