Cimetière de Borex-Crassier

Ce cimetière est situé dans un village où j'ai passé les premières années de ma scolarité . Un lieu proche de là où j'habite aujourd'hui, mais je n'aime pas y retourner. Je n'aime pas cette sensation de flash-back quand rien n'a bougé. Derrière le mur nord, se situe l'école enfantine. Toujours le même bâtiment. Je me souviens du visage de mon enseignante et même de son prénom. Il paraît que lorsque les personnes âgées écrivent leur biographie, 80% des souvenirs sont liés à l'enfance. Selon le monde du travail, je suis déjà considérée comme senior et c'est vrai, j'ai des souvenirs assez vifs de cette période. Je me souviens de Sébastien, le fils du directeur, qui était très grand et à qui sans le faire exprès j'avais cassé le bras en le poussant du toboggan. Je me souviens d'avoir été embêtée, mais pas désolée.Pourtant, je le trouvais gentil. Le toboggan a aujourd'hui disparu. Je jouais au docteur juste derrière le mur du cimetière on se faisait des piqures avec des seringues improvisées avec des crayon gris. Le cimetière est tout petit et j'ai toujours la même question: où sont tous les morts de ces villages qui accueillent un certain nombre de vivant-es depuis plusieurs siècles. Il y a des noms que je connais, notamment deux tantes de mon amie d'enfance. L'une d'elle est dans le columbarium et je découvre qu'elle est à côté de la maman d'une autre amie d'enfance avec laquelle j'ai perdu contact. Je me souviens de cette femme qui était prof d'allemand et que je percevais comme très sévère. Ma mère m'a dit il y a quelques mois qu'elle avait été anarchiste dans sa jeunesse. Ces deux femmes sont à côté par le hasard de l'organisation funéraire, alors qu'elle n'aurait pas pu l'être si elle l'avait demandé. On ne peut pas choisir si l'on est pas de la même famille.