Cimetière de Borex-Crassier

Ce cimetière est situé dans un village où j'ai passé une partie de ma scolarité, enfant. Je n'aime pas y retourner. Je n'aime pas cette sensation de flash-back quand rien n'a bougé. Derrière le mur nord, se situe l'école. Toujours le même bâtiment avec mes souvenirs coincés dedans.

Le cimetière est tout petit et j'ai toujours la même question : où sont tous·tes les mort·es de ces villages en perpétuel développement et qui accueillent un grand nombre de vivant·es. Est-ce que la plupart des gens ne souhaitent pas y reposer ? Y a-t-il plus de cendres humaines dans les champs alentour que dans cet espace dédié ?

Il y a des noms que je connais. Notamment deux tantes de mon amie d'enfance. L'une d'elle est dans le columbarium. Je découvre qu'elle est à côté de la maman d'une autre amie d'enfance avec laquelle j'ai perdu contact. Je me souviens de cette femme qui était professeur d'allemand et que je percevais comme sévère et dure. Ma mère m'a pourtant dit il y a quelques mois que cette femme avait été anarchiste dans sa jeunesse. Zut, j’aurais bien voulu la connaître de cette manière, mais il est trop tard pour la questionner. Côte à côte par le hasard de l'organisation funéraire, ces deux femmes n'auraient pas pu l'être si elles l'avaient demandé. On ne peut pas choisir si l'on n’est pas de la même famille, mais on peut faire connaissance dans la mort.