Chapitre (2)
~ Palimpsestes
Lycée du Végétal de Beaune-La-Rolande / 2022-2023
Une résidence d’artiste représente une opportunité d’explorer, d’expérimenter et de créer des situations inédites dans le but de nourrir une œuvre artistique. En tant qu’artiste-chercheuse, je m’intéresse particulièrement au processus de création. Ce projet est le fruit de 3 mois d’immersion au sein d’un lycée agricole, au cours desquels j’ai cohabité avec plus d’une centaine d’élèves.
Rapidement, j’ai réalisé que ma présence pouvait participer au déploiement d’espaces de chaos fertile, de création affranchie de la norme et de l’injonction de résultat.
Deux installations et un paysage sonore ont émergé du processus et témoignent de mon immersion au sein de ce territoire un peu malmené et invisibilisé. Il existe entre ces projets dissidents et la personnalité des élèves, un lien que je trouvais intéressant d’explorer. L’objectif était de créer une rencontre entre tous ces êtres, trop peu valorisés mais essentiels à la sauvegarde d’une identité locale.
L’atelier
L’atelier représente avant-tout l’espace qui m’a été alloué en début de résidence ; une ancienne bagagerie située au cœur du lycée. Cet espace a priori stérile et peu avenant est rapidement devenu un laboratoire d’explorations libres. J’ai convié l’éco-artiste Lucie Damond à explorer avec moi différentes manières d’expérimenter avec les élèves et de capter leur attention. Au final nous nous sommes laissées embarquer dans une aventure au sein de laquelle élèves et artistes, se sont mutuellement guidé.es pour s’approprier le lieu et créer une forme d’espace de résistance à la norme scolaire ambiante, jusqu’à transformer l’atelier en une antre rétrofuturiste.
En fin de résidence, le temps d’une soirée, ce lieu s’est déclenché lors d’une performance nocturne immersive et acoustique. Baigné d’un paysage sonore constitué de bribes récoltées au fil des mois, témoignant de mon immersion au sein du territoire et formant en filigrane une narration de ce lien intime, presque secret que nous avons construit au fil des mois.
Le chantier
Le chantier est né d’une volonté d’identifier et de valoriser certains aspects du patrimoine du Loiret. Témoigner d’un héritage étonnant voire marginal et le donner à voir aux élèves du lycée agricole.
Ainsi, un projet architectural éphémère est né en collaboration avec Patrick Beauvais, l’une des dernières personnes de la région à détenir le savoir-faire de la construction des loges de charbonniers, Julien Recours, collectionneur et chasseur de micro-architectures des années 1960, et l’éco-artiste Lucie Damont.
Une structure extérieure a ainsi été construite avec d’étranges vestiges d’un monde disparu, façonnée en partie par les élèves de la filière forestière. Elle est devenue un abri, un espace d’expression pour les élèves du lycée.